Le conflit dans le couple

Extrait du « Petit guide du confinement réussi en couple » qui vient de paraître aux InterEditions et téléchargeable gratuitement ci-dessous

Avec le confinement, tous les ingrédients sont réunis pour que nous nous sentions en insécurité, ce qui fragilise notre couple et accroît notre réactivité. En bref, les conditions sont favorables à l’éclosion de nombreux conflits au sein du couple.

 

COMME NOUS L’AVONS VU, l’épidémie de Covid-19 suscite de nombreuses peurs latentes, qui alimentent en menaces notre cerveau reptilien, lequel déclenche des réactions défensives. Le confinement, quant à lui, restreint notre espace vital et déstructure notre relation au temps, l’une des sources d’équilibre de notre organisme. Tous les ingrédients sont réunis pour que nous nous sentions en insécurité, ce qui fragilise notre couple et accroît notre réactivité. En bref, les conditions sont favorables à l’éclosion de nombreux conflits au sein du couple.

C’est avant tout la lutte de pouvoir du couple qui est intensifiée par ces circonstances. Typiquement, elle va s’exprimer autour des questions de répartition de l’espace et du temps, et bien souvent des deux ensemble. Durée de l’utilisation de l’ordinateur familial ou de la télévision, niveau sonore imposé pour la musique ou les émissions de radio, prolongation du temps de travail, répartition des tâches ménagères, partage de la salle de bains, privatisation de telle ou telle pièce de l’appartement ou la maison, éparpillement des affaires dans l’espace commun… ce ne sont pas les motifs de conflits qui manquent. D’autant que la plupart des couples sont installés depuis longtemps dans le mode relationnel de la lutte de pouvoir, qui est pour ainsi dire le seul qu’ils connaissent.

La fuite n’est plus une alternative

On pourrait croire que l’habitude simplifie les choses, et réduit la gravité relative des conflits du couple. C’est en fait l’inverse qui se produit, car le confinement a fermé les échappatoires classiques. D’une part, il est devenu beaucoup plus compliqué de sortir de chez soi en claquant la porte pour faire un tour et se calmer (il n’y a pas de case réservée aux disputes conjugales sur l’attestation de déplacement dérogatoire), et d’autre part toutes les activités de ressourcement à l’extérieur (danse, chant, œnologie, club-photo, sport…) sont stoppées. Or nous avions souvent surinvesti ces activités, et le travail également, de telle sorte que notre « temps de couple disponible » s’était réduit de beaucoup, comme vous avez pu le mesurer si vous avez réalisé l’exercice de la « journée déconfinée idéale ».

Nous nous sommes conditionnés à considérer la fuite vers l’extérieur comme alternative unique au conflit à domicile, au lieu de nous attacher à trouver un mode relationnel plus satisfaisant. Les « super-fuites » que sont les addictions ou les liaisons extra-conjugales sont elles aussi pour l’essentiel interdites d’accès : une fois le stock de drogue épuisé, il est difficile à renouveler dans les conditions actuelles (ce qui n’est pas le cas pour l’alcool, toujours largement disponible) ; et il n’est bien sûr pas possible de retrouver son amant ou sa maîtresse pendant le confinement.

Nous nous étions tout simplement et progressivement déshabitués de vivre ensemble, en fuyant notre relation de couple sous les prétextes les plus divers, jusqu’à, parfois, en arriver à une situation de « divorce invisible ». Si l’on y réfléchit, il est assez logique que la lutte de pouvoir mène le couple au divorce invisible : il semble sain au premier abord de vouloir réduire le temps passé à vivre avec un agresseur potentiel. La fermeture arbitraire des fuites par l’effet du confinement crée une angoisse latente, puisque la principale issue aux conflits est ainsi bouchée. Cette angoisse « à bas bruit », c’est-à-dire difficilement perceptible, alimente le cerveau reptilien et accroît notre réactivité potentielle aux menaces à venir.

Dans ces conditions, la fermeture de la porte de sortie que représentent les fuites a pour effet quasi-immédiat de multiplier et d’intensifier les conflits au sein du couple confiné à domicile (c’est évidemment beaucoup moins vrai pour les couples qui vivent le confinement en étant séparés géographiquement). On ne s’étonnera donc pas de la forte hausse des violences conjugales et familiales constatée dans tous les endroits du monde où le confinement a été mis en place.

Poscast Métamorphose

Poscast Métamorphose

Anne Ghesquière reçoit dans Métamorphose Guillaume de Brébisson, sexothérapeute et thérapeute psychocorporel et de couple.

Echapper au désert du désir…

Echapper au désert du désir…

Félicité Kindoki, de 20 Minutes TV, interroge Guillaume au sujet de la perte de désir au sein des couples durables à l’occasion de la sortie d’une étude de l’IFOP qui révèle que seuls 43% des couples ont une relation sexuelle (ou plus) par semaine, contre 58% en 2006.

Les 9 Ateliers du couple conscient

Les 9 Ateliers du couple conscient

Un dimanche par mois, Sabrina et Guillaume animent en présentiel Les 9 Ateliers du couple conscient au Centre H2E à Senlisse-en-Yvelines.

Lettre à mon fils

Lettre à mon fils

Mon nouvel ouvrage « De l’amour, du couple, de la sexualité, lettre à mon fils », vient de paraître chez First éditions.

lettre à mon fils chez brigitte Lahaie

lettre à mon fils chez brigitte Lahaie

Vous pouvez écouter ici mon intervention dans l’émission de Brigitte Lahaie sur Sud Radio, où je présentais mon dernier livre “De l’amour, du couple, de la sexualité. Lettre à mon fils’, paru chez First Editions.